Après Pénélope ô Pénélope, l’insaisissable auteur-comédien-metteur en scène Simon Abkarian écrit et joue Ménélas rébétiko rapsodie, une pièce poétique et mélancolique à la rage sourde. Sur scène, acteurs et musiciens nous livrent ici, comme dans un cri, la lamentation d’un homme abandonné. De Ménélas et d’Hélène, nous avons des points de vue qui tiennent souvent du cliché ou de l’arbitraire. Mais qui est donc le roi Ménélas ? Un homme bafoué, délaissé par sa reine Hélène ? Un mari faible, mou, lâche ? Ce serait enlever toute force amoureuse à la fuite d’Hélène et réduire la femme à l’archétype de la « putain », celle par qui viennent la discorde et la mort.
Elle part et devient peut-être la cause d’une guerre fratricide, d’un chagrin d’amour historique. Entre fatalité de l’Histoire et lyrisme de la Grèce antique, l’auteur-acteur formé au Théâtre du soleil nous emmène dans un monde où le désespoir s’illumine d’une musique étincelante, le Rébétiko, la musique des grecs immigrés d’Asie Mineure.
Alors le roi triste retrouve la lumière dans les chants lointains de ses amis et partage avec eux le verre du réconfort et du désarroi de la vie. Une table, trois chaises pour décor et le texte oscille entre poésie, danse et musique, les paroles succèdent aux mélodies venues des caves de la Grèce. Ménélas manie l’éventail comme seul accessoire, tour à tour gracieux, violent ou drôle, comme un poignard ou une caresse.