Concluant sa trilogie commencée avec Pénélope Ô Pénélope et Le Dernier jour du jeûne, l’auteur, acteur et metteur en scène Simon Abakrian est plus que jamais au centre de sa petite communauté incarnée par une troupe d’acteurs à l’irrésistible faconde. C’est une famille qui traverse le temps et l’Histoire, se transmettant des blessures et des valeurs immémoriales, un tempérament incandescent et le sens de la promesse. Sans oublier cet incorrigible humour qui, comme le soleil, donne du relief à chaque mot proféré.
Dans le premier volet de la trilogie, Pénélope Ô Pénélope, Elias, tel Ulysse, regagne son pays et le cœur de sa femme. Dans Le Dernier jour du jeûne (vu au Liberté en 2016), son fils Théos ressoude son village sur le point d’éclater. Encore une fois, abreuvés d’un texte digne de Marcel Pagnol qui aurait été nourri par tous les conflits de la deuxième moitié du XXe siècle, les acteurs, tous excellents, sont portés par un sens du comique à toute épreuve. Dans L’envol des Cigognes, on retrouve la petite communauté, une génération plus tard, sous le feu de la guerre et dans les bras protecteurs des mères.
Artisan magnifique de « tragédies de quartier », Simon Abkarian conclut sa trilogie sur les femmes. Avec ce dernier volet, le roc Abkarian ancre à nouveau ses protagonistes dans les registres, conciliés à merveille, de la fable sociale et de la comédie. La guerre, telle que l’artiste l’a connue dans son enfance au Liban, est ici le grand révélateur des mœurs humaines, que l’auteur traduit dans un lyrisme non affecté et une trivialité assumée, assortie d’un bel accent du Sud. Les figures de ses personnages, si proches de nous par leurs passions graves et dérisoires, se confondent avec celles de sa troupe, reconduite à chaque pièce dans de nouveaux rôles. Autant d’individualités que l’auteur, acteur et metteur en scène couve d’une infinie tendresse.